Depuis des années, le collectif Ai’ta! milite pour la valorisation de la langue bretonne dans les lieux publics et notamment sur les panneaux routiers, à la Poste et à la SNCF. Collectif de désobéissance civile, celui-ci a complété efficacement l’action politique de nombreux élus et a même obtenu certaines réussites comme la bilinguisation de la Poste de Carhaix.
Ce matin avait lieu le procès en appel d’un militant du collectif, surpris en 2011 à coller un autocollant en plein jours sur un panneau de la commune de Fouesnant. Un procès important du fait de son caractère inédit, mais aussi du fait de l’importance de la somme exigée (1500€) par le Conseil Général du Finistère au regard du symbolisme de l’acte. "Il est tout de même extrêmement rare d’être poursuivi pour avoir coller des autocollants" a ainsi expliqué Me Le Moign, avocat de la Défense. Selon le militant concerné, c’est un acte politique tout à fait assumé.
Trois témoins étaient entendus lors de cette plaidoirie. Le premier, Tangi Louarn, représentait Kevre Breizh (comprenant 50000 adhérents fédérés), et ancien dirigeant du Bureau européen pour les langues moins répandues (European Bureau for Lesser-Used Languages ou EBLUL), ONG fondé en 1982 qui promeut la diversité linguistique. Ce dernier s’est concentré à dénoncer l’Etat français qui ne respecte pas le Droit international et européen. Et de citer l’engagement n° 56 du candidat François Hollande de ratifier une Charte signée depuis belle lurette en guise d’exemple. Les désobéissants demandent simplement l’application du droit international. Puis vint Christian Troadec, maire de Carhaix, mais surtout conseiller général du Finistère. Celui-ci a dénoncé l’absurdité qu’il y avait pour le Conseil Général du Finistère de poursuivre un militant qui pointe simplement ses manquements. C’est d’autant plus vrai que le Conseil Général du Finistère a voté une politique linguistique qui prévoit justement de remplacer au fur et à mesure les panneaux signalétiques. Or, les panneaux dont il est question sont en service depuis le milieu des années 80! Yoran Delacour, éditeur aux éditions Yoran Embanner et habitant de Fouesnant, s’est contenté de rappeler que la commune avait toujours refusé la moindre avancée au sujet du breton (aides du CG 29, aucune réponse à l’Office publique de la langue bretonne…).
Encore une fois, la tribune politique a permis de mettre en lumière un scandale démocratique. La majeure partie des bretons étant favorables à la mise en avant du breton dans le domaine public, il ne suffit pas de faire des promesses. Encore faut-il les tenir!