Choqués par les manifestations d’un racisme qui, s’il n’est pas nouveau en France, semble de plus en plus toléré, un groupe de jeunes proches du Parti socialiste a décidé de réagir en appelant à une « Marche des Républicains ». L’UDB Jeunes, présente dans les luttes antiracistes, partage évidemment les préoccupations des organisateurs.
Nous nous étonnons par contre de la forme retenue. Pour commencer, le nom : prôner l’union sacrée républicaine n’est à notre avis pas la meilleure manière de faire reculer le racisme, surtout s’agissant d’une tradition républicaine qui s’est révélée tout à fait compatible avec le colonialisme et ses justifications racistes (Jules Ferry, totem des tenants de la tradition républicaine française, n’étant pas le dernier à s’être illustré par des propos ouvertement racistes). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si même le Front National nous livre aujourd’hui de grands discours sur la République : comme la tendance jacobine de la Gauche française, l’extrême-droite associe naturellement « République » et « Nation française », comme si l’une ne pouvait aller sans l’autre. Nous, républicains et autonomistes, refusons cet amalgame.
De plus, le meilleur moyen de lutter contre le racisme n’est pas de se contenter de le dénoncer. Il faut agir à la base, en tentant de répondre à la colère du peuple qui se tourne vers l’extrême-droite, non par conviction mais par désespoir. Nous suggérons donc aux organisateurs de la manifestation de tourner leur indignation vers les injustices profondes et vers le centralisme archaïque qui minent notre société. C’est en assumant un internationalisme respectueux du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et en osant à nouveau exiger la redistribution des richesses que la gauche, qu’elle soit française ou non, réussira à contrer la menace de l’extrême-droite.
L’UDB Jeunes décidera de sa participation en fonction du mot d’ordre proposé. Le lien établit entre antiracisme et défense des institutions de la Cinquième République ne nous semble pas pertinent. Pour nous, c’est justement en mettant en place une Sixième république fédérale, sociale et écologique que les citoyens de l’Etat français progresseront vers plus de respect mutuel.