Point-clé des négociations entre sociaux-démocrates et conservateurs pour la formation d’une coalition, la création d’un salaire minimum en Allemagne semble à présent assurée.
Le débat se concentre donc sur le montant (on parle actuellement de 8,50 euros l’heure) et la date d’application du futur salaire minimum. Selon la Bundesbank elle-même, plus de 15% des travailleurs allemands sont payés moins de 8,50 euros de l’heure aujourd’hui; la mesure est donc loin d’être symbolique, et verrait s’améliorer le quotidien de plus de cinq millions de personnes. Les milieux patronaux ne manquent pas d’agiter la menace de délocalisations vers des pays à "coût du travail" plus faible (moins de 3 euros l’heure en Pologne en moyenne). Le camp conservateur, bien obligé d’appliquer l’accord de coalition signé avec le SPD, ne remet pas en cause le principe du salaire minimum mais tente de multiplier les exceptions.
Les effets positifs de l’instauration d’un salaire minimum en Allemagne seraient pourtant nombreux. C’est le bas niveau de rémunération de ses travailleurs qui a fait de l’Allemagne une grande puissance exportatrice en Europe, déstabilisant ainsi les autres économies: si la Grèce est aussi endettée aujourd’hui, c’est en partie à cause de sa balance commerciale largement déficitaire. La situation de la France est similaire, quoique moins grave. En Bretagne, l’agroalimentaire a souffert, ces dernières années, de la concurrence allemande.
À plus long terme, elle pourrait inverser la tendance au dumping social qui gagne du terrain en Europe depuis des années, générant exploitation dans certains pays et chômage dans d’autres. La mise en place d’un SMIC en Allemagne est un grands pas en direction d’un salaire minimum européen et pourra encourager les revendications salariales en Europe de l’Est. Sans cela, les entreprises allemandes risqueraient tout simplement de reproduire le modèle d’expolitation-exportation dans les pays de l’espace Shengen où il est le plus facile de sous-payer les salariés.
Aux partis de gauche européens, à présent, de mettre cette revendication en première place de leurs programmes pour les prochaines élections européennes.